TSAR : vers une approche circulaire de la phyto-épuration sur sites industriels

Nous vous proposons de découvrir cette semaine un projet accompagné par le pôle DREAM. Deux collaborateurs de l’INRA d’Orléans, Michel Verger et Guillaume Bodineau, respectivement Directeur de l’unité GBFOR (Génétique et Biomasse Forestières Orléans) et Animateur des activités biomasse de GBFOR, nous parlent de TSAR.


« Sur la commune de Courtenay, dans le Loiret, deux usines voisines ont une problématique commune : le

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Parcelle de saules

traitement de leurs eaux résiduaires. » La première, une unité du groupe Ecologistique (qui exerce dans la chimie verte), décide de ne plus rejeter ses eaux résiduaires en eaux vives. La seconde, la Fromagerie Les Courtenay, souhaite valoriser les eaux issues de son processus de production.

« Nous sommes en 2009, et les deux industriels vont s’allier pour mettre en place un dispositif commun de phyto-épuration, consistant à épandre leurs eaux résiduaires sur un Taillis Très Courte Rotation (TTCR). » Le projet TSAR (Techniques Sylvicoles et Agricoles Remédiantes) est initié par un consortium associant la société Ecologistique, la Fromagerie Les Courtenay, l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) d’Orléans, la Chambre d’Agriculture du Loiret (CA 45), l’association Arbocentre et le cluster DREAM (devenu pôle de compétitivité en 2010).

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Prise d'échantillons

Le principe est le suivant. « Ces eaux résiduaires, contenant des éléments minéraux et organiques, sont épandues sur 3,5 hectares de TTCR de saules (dont 0,25 hectares pour la fromagerie), plantés en 2009 dans l’enceinte de l’usine d’Ecologistique, valorisant ainsi des délaissés industriels. »

Des arbres qui vont donc « prélever » des éléments propices à leur croissance: azote, phosphore, potassium, etc. « Mais aussi, des éléments traces métalliques comme le zinc, le cuivre, le plomb, etc. » Les TTCR seront récoltés tous les trois ans et seront valorisés en produisant de l’énergie par combustion ou dans des agromatériaux. « Ce qui clôt la boucle vertueuse d’une économie circulaire. »tsar_verbatim

En amont de cette expérimentation, une étude bibliographique a été conduite par l’INRA d’Orléans et les Chambres d’Agriculture de la région Centre. Celle-ci synthétise « les connaissances sur les cultures à courte rotation pouvant contribuer aux objectifs conjoints de production de biomasse et de valorisation d’effluents et/ou de remédiation à d’éventuels contaminants. » Elle évalue aussi « les surfaces potentiellement disponibles pour ces cultures en région. »

« On sait qu’un TTCR de saules peut fixer entre 50 et 400 milligrammes par kilogramme de matière sèche de tige. Ce que l’expérimentation de Courtenay validera, ou non. » Des questions demeurent, par ailleurs, en suspens. Par exemple, « dans quelles mesures les capacités d’absorption dépendent-elles des conditions pédoclimatiques (caractères du climat et du sol) d’une parcelle ? »

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Analyses en laboratoire

Pour un budget total de 465 000 euros, le 1er pilote du projet TSAR, qui se termine en mars 2012, a bénéficié de financements du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), de la Région Centre et du Conseil général du Loiret. « Ce 1er pilote aura été un intéressant galop d’essai pour le consortium. » Il a permis de « tester des hypothèses scientifiques et techniques. »

Mais aussi, de « mettre en place des relations durables entre les partenaires scientifiques, la CA 45 et les partenaires industriels. » La suite de TSAR sera cependant « plus scientifique » et tournée vers l’industrialisation des procédés testés. Et, le pôle DREAM, l’Université d’Orléans, l’INRA, ainsi que d’autres partenaires académiques et industriels, s’attellent aujourd’hui à en construire les prolongements.

 

Pour en savoir plus:
www.orleans.inra.fr
www.ecologistique.fr
www.arbocentre.asso.fr
www.loiret.chambagri.fr